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Le pigeon domestique, un animal ancré dans nos vies

24/09/2023

Le pigeon domestique, un animal ancré dans nos vies

 

Si vous avez le malheur de dire à votre entourage que vous aimez les pigeons, vous avez de grandes « chances » d'être considéré comme un illuminé. En effet, cet animal a une réputation assez négative : il est soi-disant sale, porteur de maladies, stupide, etc. Patrick Deville a même écrit dans son ouvrage « Peste & Choléra » que « le pigeon est un peu le rat du ciel auquel on aurait greffé des ailes avant de le peindre en gris ». Peu de chance que cela soit un compliment.

 

Animal bien souvent mal aimé, le pigeon fait pourtant partie de nos vies depuis des milliers d'années. Mais qui est-il au juste ?

 

Retour à la vie sauvage

 

En France, il existe trois espèces de pigeons : le ramier (principalement présent dans les campagnes, imposant par sa taille et reconnaissable à son collier blanc sur l'arrière de sa nuque), le colombin (de petite taille avec un regard sombre) et le biset. Ce dernier, très présent dans les zones urbaines, peut avoir une grande variété de couleurs de plumages : gris, blanc ou roux. Actuellement, à l'exception de la Corse, il n'en existe plus à l'état sauvage dans notre pays. Le Pigeon biset que nous rencontrons en métropole, aussi appelé Pigeon biset féral, vient d'oiseaux anciennement domestiqués qui sont retournés à la vie sauvage.  

 

Le saviez-vous ? Symbolisant la paix et très présent dans les différentes religions , la colombe n'est pas une espèce à part entière, puisqu'il s'agit soit d'un Pigeon biset blanc, soit d'une Tourterelle blanche. Il s'agit d'individus leucistiques ou albinos.

 

Un oiseau aux rôles multiples

 

La domestication du Pigeon biset a commencé il y a 5 000 ans dès l'Antiquité en Égypte antique. A cette époque, il était initialement élevé pour sa chair et ses œufs. Au fil des siècles, la construction de grands pigeonniers s'est développée dans le monde entier, notamment près des zones agricoles où leurs fientes étaient utilisées pour servir d'engrais car riches en azote et en acide phosphorique. De nos jours, en France, il est très rare de consommer de la viande ou des œufs de cet oiseau. Aussi, du côté des champs, l'utilisation des pigeonniers est désormais très rare et délaissée au profit des produits phytosanitaires.

 

Le Pigeon biset a eu aussi le rôle de messager grâce à sa « boussole interne » : le fameux pigeon voyageur, et ce, là aussi dès l'Antiquité. A titre d'exemple, en Grèce antique, les résultats des Jeux Olympiques étaient communiqués à l'aide de pigeons voyageurs. Ces oiseaux ont également joué un rôle sur la scène militaire. Au cours de la Première Guerre mondiale, plusieurs dizaines de milliers de pigeons ont été mobilisés par l'armée française, notamment pour faire face aux ruptures de communication téléphonique. Un pigeon nommé « Vaillant » a même été décoré suite à son rôle pendant la bataille de Verdun. Bien que l'armée française possède toujours un pigeonnier au Mont Valérien au sein du Musée de la colombophilie militaire à Suresnes (Île-de-France), les pigeons sont désormais très peu utilisés dans l'armée. Aujourd'hui, la plupart des élevages de Pigeons bisets sont gérés par les colombophiles, grands amoureux de courses de pigeons voyageurs.

 

Une réputation injustifiée

 

Être qualifié de « pigeon » par un autre humain n'est pas un compliment, alors qu'il s'agit d'un oiseau d'une grande intelligence. Une étude allemande de 2017 indique que les pigeons ont une densité neuronale six fois plus importante que les humains et peuvent ainsi passer d'une tâche à une autre plus rapidement que nous. 

 

Bien que cet oiseau soit une espèce résiliente, notre mode de vie impacte négativement l'état de santé de ces pigeons. Si vous vivez en ville, vous avez forcément rencontré des spécimens dont les doigts sont boursouflés, voire amputés. Les pigeons se prennent les doigts dans des cheveux ou des fils lorsqu'ils marchent dans la rue ou lorsqu'ils fouillent les poubelles pour se nourrir. Aussi, initialement granivores, ils sont devenus omnivores au fil du temps. En effet, il est assez difficile de trouver des graines dans un paysage envahi par la bétonisation massive. Aussi, le surnombre de pigeons dans certains endroits, provoqué par le nourrissage de ces oiseaux par les humains, peut engendrer la propagation de maladies et de parasites au sein de leur population. Si vous rencontrez un pigeon mal-en-point, n'hésitez pas à contacter le centre de soins pour faune sauvage le plus proche de chez vous.

 

Envie d'aller plus loin ?

 

L'ouvrage de Marie-Hélène Goix et Didier Lapostre – Des pigeons dans la ville, secrets d'une relation millénaire entre deux bipèdes

Le musée de la colombophilie militaire, Suresnes (92)

Le podcast de Brèves de nature sauvage « Le pigeon biset »

Les abandons ne sont pas aux abonnés absents

09/08/2023

Les abandons ne sont pas aux abonnés absents

 

Bien que l'année 2023 ne soit pas terminée, Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA (Société Protectrice des Animaux) indiquait en avril dernier au micro de RTL un nombre croissant d'abandons dans les différents refuges de l'association par rapport à l'année dernière à la même période. Chaque année, un nouveau record est tristement battu. Paradoxalement, la question de la condition animale dans notre société n'a jamais été aussi présente. En effet, d'après un sondage IFOP pour le site internet Woopets en 2021, 96% des Français sondés sont pour l'interdiction de la détention d'un animal en cas de condamnation pour maltraitance.

 

Des abandons qui ne ralentissent pas sur fond de crises sanitaires et économiques

 

De nombreux médias indiquent que la France est le pays d'Europe où il y a le plus d'abandons d'animaux. Il n'est pas possible de vérifier cette affirmation puisqu'il n'existe pas de statistiques officielles tenues par un organisme centralisant les données des différentes associations et structures concernées. Néanmoins, les estimations ne sont pas glorieuses. Environ 100 000 animaux domestiques seraient abandonnés chaque année dans notre pays, avec une accélération au cours de la période estivale. Les adoptions, quant à elles, ne vont pas dans le bon sens puisque, par exemple, la SPA note une baisse du nombre d'adoptions dans leurs refuges, saturés de plus en plus tôt chaque l'année.

 

Les raisons des abandons sont multiples : déménagement, départ en vacances, arrivée d'un enfant dans le foyer, surprise d'une portée (chez les chats notamment), etc. La pandémie et l'inflation sont également passées par là. En effet, les refuges ont constaté un « effet covid-19 ». Pendant la crise sanitaire, de nombreuses personnes ont adopté un animal de compagnie pour profiter des sorties autorisées pendant le confinement. Une fois le retour à la vie normale et du travail en présentiel, les refuges ont vu le nombre d'abandons considérablement augmenter. Encore plus récemment, du fait de l'inflation galopante, des personnes ont fait le choix de se séparer de leur animal de compagnie pour des raisons financières. 

 

Les actes ne suivent pas la législation mise en place

 

Abandonner son animal de compagnie est reconnu par le code pénal comme étant un acte de maltraitance et de cruauté. Suite à la loi du 30 novembre 2021 relative à la lutte contre la maltraitance animale, l'article 521-1 est modifié et indique que cet acte est puni par 3 ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende, au lieu de 2 ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende précédemment. Toutefois, entre la théorie et la pratique, il y a bien plus qu'un pas, car peu de procédures judiciaires conduisent à une condamnation et donc dissuadent peu les personnes de passer à l'acte. Aussi, cette loi a mis en place le certificat d'engagement et de connaissances des besoins spécifiques de l'espèce imposant un délai de réflexion de 7 jours. Ce document, obligatoire lors de l'adoption d'un animal, a vocation à éviter l'acquisition compulsive et ainsi l’abandon. La loi n'est pas toujours respectée. Ainsi, par exemple, l'association Once voice a constaté en février dernier au salon du chiot de Saint-Herblain que la loi n'était pas respectée puisque ledit document était signé sur place au moment de l'achat sans appliquer les 7 jours de délai légal. 

 

Très récemment, le 4 juillet dernier, le député Les Républicains de la 2ème circonscription d'Indre, Nicolas Forissier, a proposé une loi visant à faciliter la garde des animaux dans l'objectif de lutter contre les abandons pendant les périodes de vacances. Faire appel à un système de garde pour son animal étant un coût pour certains foyers, le représentant politique propose ainsi d'instaurer un crédit d'impôt. Celui-ci correspond à la moitié des dépenses de garde avec un montant plafond de 600 euros. Cette mesure fiscale vise à encourager la garde temporaire des animaux de compagnie si besoin est, et d'alléger les dépenses liées à celle-ci pour le foyer. La proposition de loi est renvoyée à la commission des affaires économique. Affaire à suivre.

 

L'adoption est un engagement sur le long terme et doit être mûrement réfléchi. Un animal n'est pas un bien de consommation que l'on jette quand bon nous semble. L'abandonner est un acte très traumatisant, pouvant avoir des séquelles sur la suite de sa vie (traumatismes, anxiété chronique, etc). Ces personnes aimeraient-elles qu'on les traite de la même manière ? 

 

Envie d'aller plus loin ?

 

Les podcasts LVDA#51 « Des fourrières de Serbie au confort d'un foyer aimant » avec Lydia, Nobody's dog

La bande dessinée de Jul et Achdé – Lucky Luke, l'arche de Rantanplan

Le dossier « Un été sans souci » (pages 16 à 26) dans le magazine 30 millions d'amis (numéro 420 juin 2023)

L’expérimentation animale, une pratique de plus en plus décriée

22/06/2023

L’expérimentation animale, une pratique de plus en plus décriée

 

L’expérimentation animale n’est pas récente sur l’échelle de l’Histoire. Pendant l’Antiquité, Aristote effectuait des expériences sur des singes et des porcs. Néanmoins, c’est au XIXème siècle que cette pratique se développe et devient systématique par le biais de Claude Bernard, considéré comme le fondateur de la médecine expérimentale.

 

Depuis quelques années, les citoyens sont de plus en plus sensibles au bien-être animal. En effet, dans un récent sondage effectué par l’IFOP pour la Fondation 30 Millions d’Amis, 90 % des Français sont favorables à l’interdiction de l’expérimentation animale dans le cas où une méthode alternative peut être mise en place. En revanche, pour d’autres, cette pratique est un mal nécessaire pour faire avancer la recherche scientifique afin de protéger la santé des humains.

 

Une activité barbare peu transparente

 

D’après le dernier rapport publié par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche relatif à l’utilisation d’animaux à des fins scientifiques dans les établissements français, un peu plus d’1,8 millions d’animaux ont été utilisés pour la recherche scientifique en 2021. Ce chiffre est en nette augmentation par rapport à 2020 avec 200 000 animaux de plus. Sur l’ensemble de la population testée, les rongeurs sont largement présents : la souris (61%), le lapin (9%) et le rat (9%). Terme un peu flou, la recherche fondamentale est la première raison de l’expérimentation animale (38%). L’objectif, ici, est d’accroître les connaissances relatives aux sciences de la vie. Seuls 28 % des animaux utilisés le sont pour des raisons réglementaires. Non évoquée dans ce rapport, et moins connu du grand public, la recherche militaire utilise également des animaux pour tester notamment de nouvelles armes afin d’analyser la résistance du corps à celles-ci.    

           

Malgré ce rapport, le secteur de l’expérimentation reste globalement opaque sur ses activités. En effet, lorsqu’un consommateur achète un produit, aucune mention des tests effectués sur les animaux est présente. Par ailleurs, aux yeux des citoyens, cette pratique rime avec « recherche pour les médicaments ». La vérité est tout autre, car son champ d’opération est bien plus large. A titre d’exemple, beaucoup de produits ménagers ont été testés sur les animaux avant leur commercialisation. Un des tests effectués, pour les détergents notamment, est la pulvérisation du produit dans les yeux de lapins. D’autres expériences absurdes ont lieu dans les laboratoires, comme le fait de forcer des singes via des décharges électriques à se maintenir sur un siège malgré l'inhalation de poison. Pourtant, d’autres méthodes sans animaux existent et fonctionnent, telles que la simulation informatique (in silico) ou encore les expériences in vitro correspondant à des puces contenant une culture de cellules humaines.

 

Maltraitance animale et failles scientifiques

 

Les médias relaient de plus en plus les investigations des associations et des ONG, mettant en lumière la maltraitance des animaux dans les laboratoires. En 2019, L214 publie une enquête choquante sur les vaches à hublot. Toujours d’actualité, cette expérience a un objectif purement économique puisqu’elle a pour vocation de comprendre le fonctionnement de ces ruminants afin d’augmenter leur productivité. Autre exemple, depuis plusieurs années, One Voice demande à Air France d’arrêter le transport de singes vers les laboratoires européens et américains. Combat de longue haleine, la compagnie aérienne a indiqué qu’elle arrêtait cette activité cette année. Aussi, une enquête fédérale est en cours contre la société Neuralink appartenant à Elon Musk. La start-up aurait enfreint la loi sur la protection animale en tuant 1 500 animaux. L’expérience consistait à leur implanter des puces électroniques dans le cerveau.

 

Cette pratique scientifique présente de sérieuses failles car il y a peu d’éléments amenant la preuve que des essais sont favorables aux humains. D’après une étude de la société pharmaceutique Pfizer, «  seulement 5 à 25 % des substances nocives pour l’être humain ont aussi des effets négatifs sur les animaux de laboratoire ». Ainsi, dans le cadre de l’utilisation d’un médicament, celui-ci peut provoquer des effets secondaires chez les humains et, a contrario, aucun sur les animaux. A titre d’exemple, en 2011, malgré le « succès » des tests opérés sur les animaux, le Butazolidine, traitement contre les rhumatismes, n’est plus commercialisé car ce traitement provoquait de graves effets secondaires sur les humains.

 

Bientôt une avancée juridique majeure ?

 

La directive européenne 2010/63/UE, applicable en France depuis 2013, indique qu’il faut « remplacer l’expérimentation animale dès que possible » . En apparence, il s’agit d’une avancée. En pratique, cette directive implique peu de bouleversements majeurs du fait notamment de la résistance au changement des laboratoires, du coût plus élevé des méthodes alternatives et de la position des institutions européennes considérant l’utilisation d’animaux comme « nécessaire pour protéger la santé humaine, la santé animale et l'environnement ». Première réelle avancée, depuis mars 2013, il est interdit de vendre des cosmétiques testés sur les animaux sur le sol européen. Toutefois, cela ne garantit pas la non expérimentation animale d’un des ingrédients faisant partie de la composition d’un produit cosmétique.  

 

Plus récemment, en 2021, une initiative citoyenne européenne (ICE) lancée par plusieurs organisations agissant pour la défense des animaux a recueilli plus d’un million signatures. L’objectif est d’interdire progressivement toute expérimentation animale au sein des pays de l’Union européenne. La Commission européenne doit se prononcer sur le sujet le 25 juillet prochain. Affaire à suivre, croisons les doigts.

 

Envie d’aller plus loin ?

 

Les podcasts LVDA#50 « Offrir une belle vie après le labo » avec Julie Bienvenu, White Rabbit

et LVDA#46 « Parlons Science » avec André Menache, Conseiller Scientifique pour Antidote et Pro Anima

L’ouvrage d’Audrey Jougla – Profession : animal de laboratoire (LVDA#14)

Le reportage d’Envoyé spécial (France 2) « Recherche : le sacrifice des singes »

 

Par Caroline.C

Hérissons d'Europe espèce en danger ?

11/05/2023

Hérissons d'Europe espèce en danger ?

 

Sur l’échelle de l’Histoire, la présence du hérisson n’est pas récente. D’après les scientifiques, il serait apparu au cours de la période du miocène il y a 15 millions d’années, bien avant l’arrivée des mammouths. Pourtant, plusieurs études indiquent la disparition du Hérisson d’Europe Erinaceus europaeus Linnaeus dans quelques années : 2025 pour certains, 2050 pour d’autres. Qu’en est-il ? Le Hérisson d’Europe est-il réellement menacé d’extinction ? Dans l’affirmative, quels sont les différents facteurs concernés ? 

 

Une espèce en déclin ?

 

Aussi étrange que cela puisse paraître, le Hérisson d’Europe était considéré, en France, comme une espèce nuisible jusqu’en 1981. Il est désormais une espèce totalement protégée suite à l’arrêté du 17 avril 1981, puis du décret du 23 avril 2007. Il est donc interdit de détruire, mutiler, capturer ou encore perturber de manière intentionnelle ce mammifère. Il est également interdit par la loi de détruire ou de dégrader un site de reproduction ou une aire de repos. Toutefois, le code de l’environnement prévoit des exceptions à cette interdiction. Aussi, la France fait partie des pays signataire de la convention de Berne depuis le 19 septembre 1979, texte juridique international ayant pour vocation la conservation de la flore et de la faune sauvage.

 

La liste rouge de l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) classe le Hérisson d’Europe en préoccupation mineure. Autrement dit, pour les experts de la Commission de sauvegarde des espèces de l’IUCN, le risque de disparation est faible, car sa population est, selon les estimations, globalement stable en Europe. Aussi, le Hérisson d’Europe est toujours actuellement considéré comme une espèce commune, contrairement au lynx et à l’ours dont les effectifs sont fragiles. Petit bémol, les évaluations commencent à dater, la dernière remontant au 9 septembre 2016.

 

D’après plusieurs études britanniques, le Royaume-Uni aurait perdu 50 % de sa population de hérissons au cours des vingts dernières années. Quid de la France ? Notre État manque de données sur l’effectif de cet animal puisqu’il n’y a pas eu de recensement scientifique, mais il n’y a pas de raisons de penser que la situation soit hélas différente. Pour pallier ceci, une enquête de sciences participatives appelée « Mission Hérisson » dirigée par la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) est en cours depuis 2020 et a pour but d’étudier l’évolution de la population du Hérisson d’Europe dans notre pays. En parallèle, plusieurs associations (dont la LPO) et ONG essayent d’alerter les politiques sur les différentes menaces qui pèsent sur ce petit mammifère. Fait peu rassurant, les centres de soins pour faune sauvage constatent un nombre croissant de hérissons dans leurs structures d’année en année dans des états de plus en plus graves.

 

Les activités humaines mises en cause

 

Notre modèle agricole, caractérisé par une industrialisation massive de nos cultures, a très souvent recours à l’utilisation de produits phytosanitaires, dont les pesticides. Les insecticides provoquent la raréfaction de la nourriture des hérissons. En effet, cette espèce est omnivore, mais elle a une préférence pour les coléoptères, les chenilles et les vers de terre. Elle peut être également amenée à consommer des insectes contaminés par ces pesticides. Ainsi, ils affaiblissent le système immunitaire des hérissons et créent un terrain favorable au développement de parasites et de maladies.

 

Les infrastructures humaines sont également impliquées dans ce déclin. L’artificialisation des sols (ex : routes, voies ferrées) ainsi que les clôtures des jardins et la destruction des haies provoquent la dégradation voire la perte de leur habitat. D’après la SFEPM (Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères), les collisions avec les véhicules tueraient entre 1 et 3 millions de hérissons chaque année en France.

 

Le réchauffement climatique menace de plus en plus l’équilibre du cycle des hérissons. En temps normal, les bébés, appelées choupissons, naissent en été, leur laissant le temps de se développer correctement pour rentrer en hibernation quelques mois plus tard. Néanmoins, il est de plus en plus fréquent d’avoir des naissances en automne ou même à la fin de l’hiver en cas de températures douces. Cela engendre des problèmes pour trouver de la nourriture à ces périodes de l’année, et de ce fait impacte la survie des jeunes hérissons. Aussi, ils peuvent mourir de faim en cas de sécheresse des sols. En effet, il est de plus en plus compliqué pour un hérisson de se nourrir. La terre devenant trop dure à gratter, il est donc plus difficile de trouver des vers de terre. Par ailleurs, la recherche d’un point d’eau est là aussi plus ardue puisqu’il doit parcourir des distances de plus en plus longues pour en trouver. Il faut également mettre en lumière le problème de la qualité de l’eau lié à la présence de pesticides et métaux lourds, impactant là aussi leur santé.

 

Ainsi, plusieurs facteurs d’origine humaine mettent à mal l’habitat, l’alimentation et le cycle de reproduction de ce petit mammifère. Il n’est pas le seul concerné puisque toutes les autres espèces sont touchées, y compris l’Homo sapiens. Au-delà des gestes individuels qu’il est possible de faire au quotidien, un changement systémique de notre modèle économique et sociétal occidental est nécessaire pour faire face à ces problématiques. À quand des politiques ambitieuses pour la protection du vivant ?

 

Envie d’aller plus loin ?

 

Sauvons les hérissons – Monika Neumeier

Histoire(s) d’aider les animaux, manuel pas bête de cohabitation avec le sauvage – Lucie Yrles et Maëlle Kermabon

Participer à la « Mission Hérisson » : missionherisson.org

Et pourquoi pas faire du bénévolat ? Les centres de soins pour faune sauvage ont très souvent besoin de bénévoles : reseau-soins-faune-sauvage.com

 

Par Caroline.C

Politique et lobby, l'omerta de la chasse en France

04/03/2023

Politique et lobby, l'omerta de la chasse en France

 

Il n’y a pas un mois sans qu’un média rapporte un accident de chasse, parfois mortel, sur des humains et non-humains, en France. Nous pouvons citer le triste exemple de Morgan Keane, mort à l’âge de 25 ans en 2020, alors qu’il coupait du bois dans son jardin. Le chasseur a indiqué qu’il a confondu le jeune homme avec un sanglier. Plus récemment, en janvier 2023, dans la Sarthe, une chienne a été tuée dans un jardin privé par une meute de chiens, lors d’une chasse à courre, sous les yeux impuissants de sa maîtresse.

 

Un état des lieux peu réjouissant de la chasse en France

 

La France est le pays d’Europe comportant le plus de chasseurs avec un effectif d’environ un million de personnes adhérentes à une fédération de chasse. Cette pratique concerne en très grande majorité des hommes (à plus de 97%) issus, pour un tiers, d’un milieu social aisé (cadres et professionnels libéraux).

 

La France est un des pays d’Europe où il y a le plus d’espèces chassables : 89 espèces (dont une partie menacée) contre en moyenne 39 pour nos voisins européens. Sur ce total, 64 sont des oiseaux, dont 20 espèces classées en danger dans la liste rouge de l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature).

 

Par ailleurs, notre pays est régulièrement rappelé à l’ordre par la Commission européenne au sujet de certaines méthodes de chasse et de captures d’oiseaux, telles que les cages-pièges ou encore la chasse à la glu, pratiques illégales sur le sol européen car non sélectives (directive 2009/147/CE du 30 novembre 2009 appelée également directive Oiseaux).


Des chiffres peu rassurants

 

Chaque année, l’OFB (Office français de la biodiversité) élabore un bilan sur les accidents et incidents de chasse en France.  Bien que cet organisme met en avant le fait qu’il y a eu moins d’accidents de chasse sur la période 2021-2022, le bilan est peu réjouissant : 95 accidents dont 8 mortels (6 chasseurs et 2 non chasseurs).

Donnée peu rassurante, 24 % sont des auto-accidents (chasseur blessé ou tué avec sa propre arme). Le rapport met également en avant le nombre croissant d’accidents impliquant des non-chasseurs.

 

Concernant les animaux domestiques blessés ou tués, l’OFB les intègrent dans la catégorie « incident de chasse » qu’il définit comme étant des « dommages matériels par utilisation d’une arme sans blessure corporelle », sous entendue humaine. Propos choquant, l’OFB ne considère donc pas ces animaux comme des êtres vivants à part entière, mais comme des biens. Sur la période 2021-2022, il y a eu 18 tirs sur des animaux domestiques, contre 16 la période précédente. L’OFB prend-elle en compte les accidents liés à la chasse à courre causés par les chiens de chasse ? Le bilan n’en fait pas explicitement mention malheureusement.  

 

Et les animaux sauvages dans tout ça ? Premières victimes de la chasse, aucun rapport indique le nombre total d’animaux tués chaque année par les chasseurs. Certains médias indiquent 20 millions, d’autres 45 millions.

Cela montre le manque de transparence des chasseurs quant à leur pratique. Malheureusement pour eux, le Pigeon ramier et le Faisan commun sont les animaux les plus chassés en France. Ce premier est victime de la chasse à la palombe, pratiquée en période de migration, notamment dans le sud de la France.

 

Quant à la chasse au Faisan commun, elle provient d’animaux élevés uniquement pour la chasse. Quid de l’argument fallacieux de la « régulation » mis en avant tant de fois par les chasseurs ? En 2021, Willy Schraen, Président de la Fédération nationale des chasseurs, a indiqué sur RMC « On prend du plaisir dans l’acte de chasse. J’en ai rien à foutre de réguler ». Tout est dit.


Une large majorité de la population opposée à cette pratique

 

Selon un sondage IFOP de 2022, 83 % des Français sont pour l’interdiction de chasser deux jours par semaine et pendant les vacances scolaires. Beaucoup d’autres pays d’Europe ont instauré des jours sans chasse. À titre d’exemple, il est interdit de chasser le dimanche et les jours fériés aux Pays-Bas. Le canton de Genève en Suisse est, quant à lui, allé plus loin puisqu’il a complètement interdit cette pratique sur son territoire.

 

Il y a quelques années, la chasse était interdite le mercredi en France (loi « chasse » du 26 juillet 2000), mais elle n’a pas été appliquée très longtemps puisque Roselyne Bachelot, ministre de l’Ecologie et du Développement durable de l’époque, l’abroge en 2003.  

 

En 2022, le député EELV d’Indre-et-Loire, Charles Fournier, a proposé une loi sur les activités de chasse, aussi appelée « pour une chasse plus respectueuse de la nature et de ses usagers ». Il y était question d’interdire cette pratique les week-ends, jours fériés et pendant les vacances scolaires, ainsi que de prohiber les chasses dites traditionnelles, telles que la chasse à courre et la vénerie, et la chasse en enclos. En effet, ces pratiques mettent en lumière des questions éthiques et sociales, de plus en plus au cœur des préoccupations des citoyens. La réponse du lobby des fédérations nationales des chasseurs ne s’est pas fait attendre. Mettant en avant le caractère traditionnel de la pratique qu’elles qualifient de « loisir », les fédérations ont eu le soutien des partis politiques conservateurs, notamment du gouvernement actuel.

 

En réponse, le gouvernement d’Emmanuel Macron propose des mesures qui ne sont pas à la hauteur : interdiction de chasser sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants (mesure qui a fait couler beaucoup d’encre parmi certains chasseurs, ça laisse songeur), mise en place d’une application pour indiquer les lieux et temps de chasse (quid des zones blanches?) et un renforcement de la formation des chasseurs. Bref, encore un beau cadeau du gouvernement. À quand de réelles décisions à impact sur cette pratique cruelle ?


Envie d’aller plus loin ?

 

Le podcast LVDA#48 « Infractions, homicides... Les chasseurs au dessus des lois » avec Mila, Un Jour Un Chasseur

Pas de fusils dans la nature – Pierre Rigaux
Les lapins ne mange pas de carottes – Hugo Clément
Chasser tue (aussi) des humains – Collectif « Un jour un chasseur » - préface de Pierre Rigaux

 

Par Caroline.C

Végétarien, végétalien, vegan… quelle est différence ?

31/10/2022

Végétarien, végétalien, vegan… quelle est différence ?

Pour les animalistes, les différents termes utilisés pour définir un mode de vie sont simples à retenir, mais on oublie parfois que la différence entre végétariens, végétaliens, vegan… n’est pas forcément une évidence pour tout le monde. Voici donc un petit lexique super simple à partager entre amis, collègues, famille… 

 

Flexitarien(ne) :

 

Mange de temps en temps de la chair animale. Majoritairement, les flexitariens sont végétariens mais s’autorisent des écarts, par exemple manger de la viande ou du poisson une fois par semaine.

 

Pesco-végétarien(ne) :

 

Ne mange pas de viande. Les pesco-végétariens retirent uniquement de leur alimentation la viande (animaux terrestres). Ils mangent du poisson ainsi que des fruits de mer. Les produits laitiers et les œufs ne sont pas exclus non plus. 

 

Végétarien(ne) :

 

Ne mange pas d’être vivant mais s’autorise les produits consommables issus d’êtres vivants. La plupart du temps on dit « ne mange pas de viande » mais la majorité des gens répondent « et le poisson c’est ok ? », c’est pour cela que je préfère utiliser le terme « être vivant ». Mais les végétariens s’autorisent à manger des oeufs ainsi que des produits laitiers et du miel.

 

Végétalien(ne) :

 

Ne mange pas d’être vivant ni de produit consommable issu d’êtres vivants. En plus de ne pas manger de viande, poisson, fruits de mer, les végétaliens ne consomment aucun produit issu d’animaux comme les oeufs, les produits laitiers et le miel. 

 

Végan :

 

Ne mange pas d’être vivant ni de produit consommable issu d’êtres vivants et exclut tout type de produit d’origine animale. En plus d’être végétalien, les vegans refusent de consommer des produits issus d’animaux : ils ne portent pas de vêtements en fourrure, cuir, laine… Ils refusent également les produits qui impliquent l’exploitation des animaux, comme par exemple les cosmétiques testés en laboratoire sur des animaux (même s’ils ne contiennent pas d’ingrédients d’origine animale). Les divertissements tels que les cirques, corrida, zoo… sont également exclus. C’est là une question d’éthique.

 

Chacun a ses propres raisons pour changer sa façon de consommer afin d’améliorer le respect et le bien-être des animaux, l’environnement, ou sa santé… mais force est de constater que changer notre mode de vie est aussi inéluctable si nous voulons tenter de sauver notre planète. Mais ce sera le sujet d’un autre article…

 

Par Aurélien.S

La Voix Des Animaux